Le piège qui bloque 90% des créateurs
Ou pourquoi on ne sait plus comment créer du contenu
Pendant 4 ans, j'ai voulu me lancer dans la création de contenu. Et il y a une contradiction qui m’a bloquée pendant longtemps.
Quand on cherche des conseils pour créer son audience, créer du contenu, on tombe vite sur deux concepts relativement opposés : celui de "the niche is you" (en gros c'est toi qui va faire la différence, ta personnalité, tes centres d'intérêt) et "people don't follow you for you" (Ce qui compte c’est la valeur que tu apportes à ta communauté, tout le monde s'en fout de qui tu es - surtout quand tu es personne).
L’un des premiers à avoir démocratisé le concept de “You are the niche”, c’est le créateur
. Son point c'est de dire que c'est hyper intéressant d'avoir une compétence (un skill) mais qu'ensuite il faut en parler avec ses propres centres d'intérêt, sa façon de voir les choses pour pouvoir être différenciant.La première fois que je suis tombée sur la phrase "People don't follow you for you", je me suis dit “oui, c’est clair, il faut apporter de la valeur, il y a tellement de contenus déjà créés qu'il faut faire ce que les gens veulent, attendent de nous.”
Mais quel concept choisir quand on crée du contenu ?
Je me suis vite sentie perdue quand j’ai commencé à créer du contenu car "the niche is you" me donnait le sentiment que ce que j’étais avait beaucoup de valeur. J’adorais me dire que mon unicité est ce qui fait la différence. Et en même temps le paradigme "people don't follow you for you" m'a fait tout remettre en question, parce que je me suis dit “ok donc en fait les gens veulent pas mes partages personnels, ils veulent avoir de la valeur, tout le monde s’en fout de mes petites passions, mes opinions et ce que je suis”.
Et c'est là que la contradiction rentre en jeu.
Pourquoi les gens nous suivent ?
Est-ce pour notre personnalité ?
Est-ce pour la valeur de ce que l’on propose ?
Le fait qu’on les aide à résoudre un problème ?
Bien évidemment, cela nous amène à nous demander : qu'est-ce que la valeur ? Est-ce forcément des conseils applicables dans sa propre vie ? Est-ce que le fait de faire sentir à sa communauté qu'elle est comprise, qu'elle n'est pas seule est aussi quelque chose qui a de la valeur ?
Le piège du choix impossible
Quand j'ai commencé, j'ai mis des mois à trouver ma niche, chercher dans quoi me spécialiser, je n’arrivais jamais à trouver un sujet, un truc particulier sur lequel bâtir mon contenu.
J'avais la croyance que ce qui fonctionnait, c’était :
être reconnue dans son domaine
être spécialisée
être la meilleure dans son sujet
Être celle qui en sait le plus
Sauf que quand on part de cette croyance, on tombe très vite dans le "oui mais qui suis-je pour parler de X ?". On a le sentiment de ne pas en savoir assez, de ne pas avoir le niveau, de devoir encore et encore se former.
Et en plus, quand tu es quelqu'un comme moi, passionnée par un tas de sujets, qui adore apprendre, qui a une grosse curiosité, tu te sens hyper frustré car tu te dis que ça va t'enfermer de faire qu'une seule chose.
Et à contrario, le fait de suivre "the niche is you" peut réveiller la peur de ne pas être intéressant, de ne pas oser tout partager en te disant peut-être que cette passion elle n'a rien à faire ici. Ou bien de tomber dans l'oversharing, ce qui fait que les gens sont totalement perdus quand il arrivent sur ton compte. Ça leur donne pas cette impression de "ok cette personne sait qui elle est, où elle va" (même si au fond personne sait véritablement où il va, tout le monde teste, expérimente, pivote & change).
L’approche que j’ai choisi et pourquoi
On nous dit de créer pour les autres, mais j'ai découvert que le fait de créer pour moi m’a permis de toucher profondément mon audience (comme mon réel sur Bali où j'ai parlé de ma prise de poids j'ai fait 66000 vues pour ce réel, du jamais vu alors que j'avais 2000 personnes qui me suivaient à l'époque).
Ce partage m'a appris quelque chose d'important : ce qu'on croit être le seul à vivre, plein d'autres personnes le vivent aussi, mais n'en parlent simplement pas.
Je pense que les gens se voient en toi, donc si tu es tout le temps en train de chercher ce que les gens attendent de toi, premièrement ça peut ne pas du tout correspondre à ce que tu as envie de faire (j'avais questionné ma communauté à l'époque et on me demandait des conseils sur comment partir à Bali, comment trouver un logement là-bas et quel visa choisir). Et deuxièmement, ça peut te faire perdre ton unicité et ce qui te différencie des autres (par exemple tu fais que des longs réels explicatifs et les gens veulent des choses actionnables en 2 phrases).
Pourquoi les deux approches coexistent
Je sais que c’est le type de réponse qui peut énerver mais : tout fonctionne.
Aujourd’hui on a plein d’exemples de réussite qui montrent que les deux marchent, donc tout est possible.
Ces deux approches ne sont pas incompatibles au contraire : ce que tu es, ton chemin, tous tes centres d'intérêt sont autant de choses qui peuvent résonner, & connecter avec ton audience. Mais chacun voit midi à sa porte, les gens veulent suivre un humain et vont forcément venir chercher chez nous quelque chose pour leur propre vie, leur propre chemin.
Ça ne veut pas dire que l’on doit changer ce que nous sommes ni nous travestir pour pouvoir leur donner de la valeur.
Au final, notre personnalité, c’est ce qui fait la différence mais ce n’est pas parce qu’on la montre que l’on réussit.
Ce que les gens vont rechercher, c'est une perspective différente, une nouvelle manière de voir les choses qui va les aider.
Les gens se sentent souvent emprisonnés, seuls, perdus et nous en créant du contenu on va être une porte d'entrée vers cette nouvelle façon de penser.
L'authenticité comme stratégie naturelle
Un autre point qui entre en compte, c’est la perception que l'on a de ce que l'on fait, la foi que l'on a dans notre création.
Par exemple à mes débuts, mes newsletters, c'était comme un journal intime, j'écrivais tout ce qui me passait par la tête sauf que j'avais le sentiment justement que ça n’apportait pas de valeur. Mais peut-être que ce format aurait pu cartonner si j'en avais fait ma signature ?
Le journal d’Anne Frank en est un parfait exemple.
L'authenticité est une stratégie à condition qu'elle ne soit pas forcée ni travestie. Dans mon cas, mon introspection et le partage authentique sont une forme de thérapie mutuelle, à la fois pour moi qui évolue à travers ce processus, que pour ceux qui vont se reconnaître et évoluer à leur tour.
C'est toujours intéressant de comprendre la psychologie humaine, la façon dont fonctionne les plateformes, les tendances du marché, mais je pense qu'il faut toujours penser à comment l'adapter à soi. Trouver son facile, les choses qui nous demandent le moins d'effort. Par exemple dans mon cas, parler face caméra après une séance de sport à la plage ou durant mes balades, c’est hyper facile car j’ai plein d'idées, ça me vient naturellement et je suis à l'aise avec le fait de parler sans script ni préparation dans un studio. C’est un format génial et adapté à ma vie & ma personnalité : ça ne me demande pas du tout d’effort.
L'authenticité n'est pas l'opposé du service (dans le sens de donner de la valeur aux autres) - c'est sa forme la plus puissante. Quand tu partages tes questionnements, tes vulnérabilités, tes découvertes, tu donnes aux autres la permission d'explorer les leurs. Ton authenticité devient un miroir où ils se reconnaissent. Être toi, c'est offrir quelque chose que personne d'autre ne peut donner : ta perspective unique sur l'expérience humaine universelle.
À l'ère de l'IA, les conseils génériques sont reproductibles à l'infini. Ce qui ne l'est pas, c'est ton parcours personnel, tes erreurs, tes moments de doute. Les gens sont saturés de contenus formatés. Ils cherchent de la connexion humaine, des histoires qui résonnent avec leur propre expérience, et aussi une vision.
Comment créer avec cette contradiction ?
La vulnérabilité n'est pas l'exhibition - c'est le courage de montrer les parts de toi qui peuvent aider les autres. Tu n'es pas obligée de tout partager, mais ce que tu choisis de révéler doit servir un but : aider ton audience à se sentir moins seule, à voir qu'un chemin existe et à les aider dans ce processus.
Par exemple dans mon cas je suis une overthinker ++, toujours à me poser des questions, des questions existentielles et parfois plus personnelles. Mais cette habitude me donne un avantage énorme : je comprends les mécanismes internes que d'autres subissent sans les analyser. Donc je peux transformer mes observations sur moi-même en insights universels. Là où d'autres voient des problèmes personnels, je vois des patterns humains à partager.
Comment identifier ce qui te passionne vraiment vs ce que tu crois devoir faire ?
Tu le sais en observant ton énergie. Ce qui te passionne te donne de l'énergie même quand c'est difficile. Ce que tu crois "devoir faire" te vide. Pose-toi cette question : "Si je n'avais aucune contrainte externe (pas de jugement des autres), de quoi aurais-je envie de parler ?"
Si tu n'es pas à l'aise avec le fait de partager des choses "personnelles" c'est que ce n'est probablement pas ta voix. Certaines personnes me demandent comment je fais pour partager des choses aussi deep sur moi-même, mais c'est juste que moi ça me parait naturel, j'ai pas l'impression de sortir de ma zone de confort ou bien de faire un effort surnaturel, juste ça vient naturellement.
Cherche l'universalité dans le spécifique. Derrière ton expérience personnelle, qu'est-ce qui touche à l'humain en général ? Ton burn-out, ta rupture, l’évolution de ton entreprise, la création de ton livre, tout cela touche à des choses humaines universelles.
Raconte le particulier mais révèle l'universel.
Les détails de ta propre expérience créent la connexion émotionnelle.
L'effet miroir comme résolution
Au final, mon point n’est pas d’affirmer que l'un de ces 2 concepts est le bon mais d'observer ce que chacun implique en tant que créateur, surtout quand on veut construire un business autour de ce qu'on est.
L'effet miroir résout cette contradiction qui peut figer quand on a envie de créer et de partager. Les gens nous suivent pour ce qu'on leur apporte ("people don't follow you for you"), mais ce qu'on leur apporte vient précisément de qui nous sommes ("the niche is you") parce que c'est l'intersection entre nos passions, nos centres d'intérêt et nos compétences.
Nous ne sommes ni un distributeur de conseils ni un simple divertissement.
Les gens ne nous suivent pas pour "nous" mais pour se voir en nous, pour trouver des réponses à leurs propres questionnements. Nous sommes un miroir qui leur permet d'explorer leur propre humanité.
J’espère que cette newsletter trouvera écho chez vous et surtout vous donnera des pistes de réflexion sur votre propre positionnement :)
Feel free de m’envoyer un message pour que l’on en discute !
Pour tous ceux qui savent qu’autre chose est possible,
je vous dis à très vite 🙏🏼
Un GRAND bravo pour cette publication ! Je me suis reconnue quasiment à chaque ligne que tu as écrit.
Et la conclusion que j’en retiens c’est : fait ce qui t’anime, les autres vont se retrouver dans ton vécu. Et la valeur est à ce niveau là.
Encore bravo 🤩
Merci pour ce texte, il résonne beaucoup en moi et me pousse à créer, encore plus :)